Une gouvernance mondiale responsable, plurielle, solidaire et de surcroît légitime et efficace peut paraître en ce début du 21e siècle un objectif utopique, irréalisable. Elle est néanmoins indispensable et quelles que soient les difficultés que les citoyens rencontrent et continueront à rencontrer, nous devons persévérer dans nos efforts pour faire avancer les idées, les propositions et les actions en vue d’une gouvernance mondiale capable de faire face aux défis actuels.
Les citoyens se rendent bien compte que les tensions, les conflits, les guerres persistent, que les institutions nationales, régionales et mondiales sont impuissantes et que leur rôle se limite à éviter une détérioration irrémédiable des conditions de vie et de subsistance des populations. Il ne faut pas s’attendre à des changements profonds et à court terme du système politique des Nations unies ou des politiques des institutions multilatérales comme la Banque mondiale, l’OMC ou le FMI. Ces institutions sont trop prisonnières de structures et de modes de pensée héritées du passé pour envisager des évolutions susceptibles de les mettre radicalement en cause.
De même, les transformations des structures et des rôles des États, aux niveaux nationaux et continentaux, seront lentes et semées d’embûches. Par ailleurs, les mouvements sociaux, les associations de la société civile, continueront à se rassembler à différentes échelles mais, sans propositions viables, ils ne dépasseront pas le stade de mouvements protestataires sans influence réelle sur les transformations institutionnelles nécessaires pour refonder la gouvernance mondiale.
On ne peut se contenter de laisser les États, surtout les plus puissants, les institutions internationales ou les think-tanks des entreprises multinationales conduire seuls ces mutations. Il revient donc à la société, dans toute sa diversité, de mobiliser les dynamiques d’innovation qu’elle recèle.
De là découle l’idée de favoriser l’élaboration et la diffusion en plusieurs langues et dans plusieurs pays d’une collection de cahiers des propositions, sorte de petits livres regroupant, dans chacun des domaines de la gouvernance mondiale, les propositions qui auront semblé les plus pertinentes pour mettre en œuvre les ruptures et les mutations nécessaires à la construction d’une nouvelle gouvernance mondiale, plus juste et plus soutenable.
Situées à la frontière de la réflexion et de l’action, ces propositions doivent à la fois servir de catalyseur pour un débat collectif au niveau international et constituer un outil permettant de valoriser et renforcer l’action des groupes et des individus qui travaillent à la mise en œuvre de nouvelles idées et de pratiques innovantes, à la hauteur des enjeux de ce début de millénaire.
L’idée des cahiers de propositions a été conçue dans le cadre de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, un réseau ouvert de personnes et d’organisations qui se nourrit de l’ambition d’inventer de nouvelles formes d’action collective, tant à l’échelle locale qu’à l’échelle mondiale, et de les faire peser sur l’avenir d’un monde de plus en plus complexe et interdépendant. Entre 1995 et 2001 une soixantaine de cahiers des propositions ont été élaborés dans le cadre des chantiers thématiques de cette Alliance. Elle a été soutenue par une fondation internationale indépendante de droit suisse, la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme (FPH). [1]
Les travaux d’élaboration des nouveaux cahiers de propositions seront entrepris dans le cadre d’un Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale. Cette initiative, qui a débuté en 2008 avec l’appui de la même fondation, vise à générer une réflexion aussi diverse que possible sur la gouvernance mondiale, en d’autres termes sur les modes de gouvernance les mieux adaptés au monde d’aujourd’hui et à celui de demain, sachant que les grandes mutations interviennent à une rapidité sans précédent dans l’histoire. Afin d’alimenter ce vaste débat, le Forum invitera autant de participants que possible à contribuer à cette initiative pour réfléchir, pour discuter et pour envisager la mise en œuvre des projets ayant trait à la gestion de la planète, sous toutes ses formes, à tous ses niveaux, articulant le local et le mondial et suivant divers modes d’action. Le Forum organise et facilite des séminaires, des conférences et des cafés-débats. Tous les travaux seront diffusés amplement par des publications diverses. Cette initiative s’appuie sur un site internet, indispensable à la diffusion des travaux, à la mise en place de réseaux, aux échanges d’idées et de propositions.
[1] Pour en savoir plus : www.alliance21.org et www.fph.ch