Une certaine gouvernance économique mondiale, qui à
la fois accompagne, facilite et organise la mondialisation,
s’est mise en place. Elle pose des problèmes. Du
moins, certains le considèrent, notamment le mouvement
altermondialiste, mais pas seulement. Même de chauds partisans
de la globalisation financière jugent aujourd’hui qu’elle va à
l’encontre de l’objectif qu’elle était censée satisfaire à leurs yeux, à
savoir une meilleure allocation des capitaux à l’échelle mondiale
entre le Nord et le Sud.
Le constat est en effet qu’elle s’accompagne
d’une polarisation au profit du Nord, essentiellement des Etats-
Unis, qui ont un déficit extérieur record et qui, de ce fait, se font
financer par le reste du monde, et que les capitaux ne se dirigent pas
vers les pays qui ont le plus de « retard » de développement économique (à l’aune de celui des pays dits avancés en la matière). Il
est donc urgent de la réformer.
Si on laisse de côté l’antimondialisation (tout court), qui n’est par
définition porteuse d’aucune logique de réforme de la gouvernance
économique mondiale, il y a trois façons de concevoir cette dernière
: la position néolibérale (ou ultralibérale, si l’on préfère), la position
libérale-sociale (ou sociale-libérale, peu importe) et la position
altermondialiste. Il n’y en a donc pas seulement deux, ce que
l’on retient lorsqu’on confond les deux premières sous l’étiquette
« libérale », en s’interdisant alors de comprendre que la deuxième
position appelle une réforme de la gouvernance actuelle. On s’en
tient ainsi aux principales positions en présence, en faisant état
de leurs bases théoriques normatives respectives, sans prétendre
pouvoir dire précisément « qui est où ». Cela s’avérerait d’ailleurs
risqué et de peu d’intérêt, dans un contexte où les personnes évoluent.
Que dire, par exemple, de la trajectoire de quelqu’un comme
Joseph Stiglitz, que l’on n’a aucun mal à classer comme un libéral-social
au regard de ses travaux scientifiques, et qui se retrouve au
côté des altermondialistes à Bombay ?