«En» octobre 2012, 25 dirigeants représentant diverses organisations de base et des mouvements sociaux de différents secteurs et régions ont participé à l’« Atelier Global de la société civile sur Rio +20 et les résultats du programme de développement durable post-2015 » qui s’est tenu à Nairobi, au Kenya. Après avoir discuté des leçons tirées des OMD et considéré les défis pour créer un cadre de développement, ainsi que la pertinence des ODD, les organisations participantes ont proposé des plans initiaux et une structure intérimaire pour une campagne autonome de la société civile qui serait basée au niveau des luttes populaires, mais engagée avec les processus administratifs liés au programme de développement post-2015. Dans le cadre de ce processus, cette déclaration commune a été rédigé, discuté, débattu et convenu autour des dix thèmes prioritaires pour les Objectifs des peuples choisis parmi les nombreuses recommandations présentées dans les groupes de discussion.
Nous sommes des associations locales, des syndicats, mouvements sociaux et organisations non-gouvernementales, entres autres, qui se sont engagées a tracer les chemins vers l’avenir que nous désirons – un avenir où le bien commun prend priorité sur les intérêts d’une élite minuscule; où les besoins et les droits de tous sont réalisés; où l’environnement n’est pas sacrifié pour le profit de certains.
Nous sommes conscients que la voie de développement actuel ne nous mènera pas à l’avenir que nous désirons voir.
Le modèle de développement capitaliste, en particulier sous le régime dominant de la politique néolibérale, réduit le développement à l’expansion de la production et de la consommation de produits matériels, et donne la priorité aux droits et libertées du capital et ne garanti pas les droits et libertées du peuple ni la protection de l’environnement. Dans ce cadre, les sociétés transnationales et surtout les plus grandes institutions financières basées dans les pays développé dominent l’économie mondiale et intensifient l’exploitation du main-d’œuvre, l’extraction des resources et le brigandage spéculatif pour l’accumulation du profit.
Ceçi a conduit à une plus grande faim, inégalité, manque de terres, chômage, des conditions de travail précaires, l’endettement, la perte de revenus et de protection sociale, la privation de services de base, la dépossession des communautés, la migration forcée, l’épuisement des ressources, la dégradation environnementale et la crise climatique. Ceçi a aussi donné naissance à de nouvelles guerres, oppressions, violations des droits de l’homme et de syndicaux, des décès et menace à présent la fondation même de la vie sur notre planète. Tous les secteurs parmi les peuples du Sud Global ont subi ces injustices, y compris les femmes, les enfants, les travailleurs et les paysans.
En outre, la majorité du peuple est soit exclu, soit privé du droit de participer à la décision, au contrôle et a la mise en œuvre des décisions qui affectent leur vie et leur avenir. Les élites locales et surtout mondiale et autres acteurs puissants, d’autre part, sont souvent incontrôlé et irresponsables de leurs actions qui ont de graves impacts négatifs sur la société et l’environnement.
Nous sommes persuadés qu’addresser ces défis nécessite bien plus que simplement de nouvelles stratégies pour atteindre rapidement les Objectifs Millénaire pour le Développement (OMD). Sans s’attaquer aux racines structurelles de ces tendances, tout progrès réalisé sera facilement mis en péril. En effet, l’occasion pour inverser ces tendances avant que la catastrophe écologique et sociale s’installe est rapidement en train de passer.
Nous devons adopter une vision du développement tout à fait nouvelle, fondée sur la philosophie de «vivre bien» en communauté avec les autres et en harmonie avec la nature. Cela implique une profonde transformation sociale qui nécessite une redistribution radicale de la possession, l’accès et du contrôle sur les ressources productives afin que personne ne soit refusé la base pour une vie digne et libre. Il s’agit de la démocratisation des institutions étatiques et sociales pour que les communautées et les citoyens, plutôt que les marchés, peuvent démocratiquement fixer les objectifs et prioritées sociales. Elle exige une réorientation de la production et de la consommation pour répondre aux besoins de la population et aux potentiels humains dans le cadre des limites de l’environnement plutôt que la maximisation des profits à court terme.
Elle nécessite un plus grand respect et une meilleure compréhension de la symbiose entre l’homme et le monde naturel à la place de la valorisation et de la commercialisation de la nature comme de simples resources et éviers.
Dans le cadre de ce programme de transformation, nous mettons au défi nos gouvernements et institutions internationales de rompre avec le modèle actuel de développement et d’entreprendre des réformes significatives qui répondent vraiment aux besoins des générations présentes et futures. Dans ce contexte, nous nous engageons à faire campagne pour les objectifs des peuples pour un véritable développement durable fondée sur les principes des droits de l’homme, de l’égalité, de l’auto-détermination ainsi que de justice sociale, sexuelle et écologique. Nous sommes également engagés pour un processus autonome de la société civile qui lutte pour la formulation des objectifs et des exigences du peuple, ancrés dans les luttes populaires, et défiant ceux au pouvoir.
Nous exigeons que les gouvernements et la communauté internationale prennent des engagements et objectifs concrets, conformément au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, sur les prioritées populaires suivantes:
- Adopter et appliquer lois et politiques appropriées soutenues par le maximum de ressources disponibles pour protéger, promouvoir et réaliser toute la gamme des droits civils, politiques, sociaux, culturels et économiques
- Soutenir la réalisation des droits de l’homme universelle par la coopération internationale, y compris la fourniture de ressources financières et techniques
- Respecter le droit souverain des nations à leur propre développement et sur leurs ressources naturelles.
- Mettre en place de progressives et redistributives fiscalitées, dépenses publiques et politiques sociales (d’éducation, de santé, de salaires et de protection sociale) afin de minimiser les inégalités économiques et sociales
- Soutenir les petits agriculteurs, les producteurs feminins, l’accès sécurisé des travailleurs ruraux à l’eau, aux terres, aux sols, à la biodiversité, au crédit et à l’infrastructure pour éliminer la faim et la pauvreté.
- Assurer l’accès aux services énergétiques pour les pauvres et les marginalisés.
- Adopter la souveraineté alimentaire comme cadre politique à l’égard d’alimentation adéquate, saine et nutritive pour tous, y compris politiques et investissements pour soutenir les petits agriculteurs, les producteurs feminins et les travailleurs et l’accès sécurisé à (et la protection de) l’eau, les terres, les sols, la biodiversité et autres ressources sur lesquelles la sécurité alimentaire dépend.
- Effectuer une réforme agraire afin d’assurer au travailleurs, paysans et populations rurales l’accès démocratique aux terres, à l’eau et aux semences, ainsi qu’ à la finance et à l’infrastructure conforme, mais ne se limitant pas, aux recommandations de la Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural de 2006.
- Assurer un emploi plein et productif.
- Veiller à l’application des normes internationales du travail pour tous les travailleurs, y compris les femmes, les migrants et les travailleurs de l’économie informelle, en référence aux indicateurs du travail raisonnable élaboré par l’Organisation Internationale du Travail (OIT)
- Promouvoir les emplois ‘verts’ et l’égalité des sexes au travail.
- Assurer un accès universel à des garanties fondamentales de protection sociale avec la discrimination positive en faveur de groupes défavorisés conforme, mais ne se limitant pas, aux recommandations énoncées dans le «Rapport Bachelet» et la Recommandation OIT 202.
- Assurer la sécurité du revenu pour ceux au chômage ou qui dépendent sur le travail précaire, les malades, les handicapés, les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées ainsi que l’accès aux soins de santé, à l’éducation, au logement et aux systèmes sanitaires.
- La mise en œuvre intégrale des engagements internationaux en matière d’égalité entre les sexes, tel qu’enchâssé dans (mais sans s’y limiter) la Convention pour l’Élimination de la Discrimination à l’Égard des Femmes, Déclaration et Programme d’Action de Beijing (1995) et la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité sur les Femmes, la Paix et la Sécurité.
- Assurer accès et chances égales dans l’emploi, le régime foncier, l’éducation, la santé, la gouvernance, et l’accès aux services de santé sexuelle, reproductive.
- Veiller à l’application systématique d’action positive efficace pour empêcher la marginalisation et la discrimination des femmes et éliminer toutes formes de violence contre les femmes.
- Limiter la hausse de la température mondiale à moins de 1,5 degré, conforme avec les recherches scientifiques climatiques les plus récentes, grâce à des réductions d’émissions rigoureuses et un partage équitable du budget carbone mondial prennent en compte les émissions historiques sans avoir recours à des compensations.
- Fournir un financement adéquat et approprié contribué par pays basé sur leur responsabilité historique vis-à-vis du réchauffement climatique pour faire des réparations à tous les peuples concernés (en ligne avec 100 milliards de dollars par an promis dans les Accords de Cancun en 2010).
- Assurer l’échange de technologies sûres, appropriés et écologiquement et socialement rationnelles sans entrave par des droits de propriété intellectuelle.
- Augmenter le développement et l’usage des énergies renouvelables.
- Adopter des systèmes de production et des technologies écologiquement et socialement durable dans les secteurs industriel, agricole, du transport, d’exploitation minière.
- Arrestation de la déforestation, la surpêche, la perte de biodiversité, la dégradation de l’environnement, de la pollution et protection des moyens de subsistance des habitants des forêts et des pêcheurs.
- Réformer les relations commerciales pour promouvoir l’égalité entre les partenaires commerciaux, respecter le traitement spécial et différencié des pays en développement, et contribuer au développement économique des pays pauvres.
- Mettre en œuvre les réformes démocratiques et favori sables aux pays en voie de développement dans le système monétaire et financier international, conforme à celles proposées dans l’édition 2009 du rapport de la Commission Stiglitz de l’ONU (Rapport de la Commission d’Experts du Président de l’Assemblée Générale sur la Réforme du Système Monétaire et Financier International ), y compris: une meilleure réglementation des banques, des flux financiers et des activités financières telles que les opérations sur produits dérivés, une plus grande voix pour les pays en développement dans les institutions de Bretton Woods, l’élargissement du rôle des banques centrales au-delà de maîtrise de l’inflation et d’établir un mécanisme de renégociation de dette souveraine.
- Instituer des mesures de responsabilisation et de transparence dans la gouvernance.
- Assurer la participation des citoyens dans la prise de décision, l’accès à l’information et l’accès à la justice – trois piliers de la Convention d’Aarhus.
- Assurer la conformité de l’entreprise et de l’industrie aux normes internationales des droits de l’homme et aux normes environnementales, y compris les exigences de déclaration obligatoire.
- Assurer l’accès aux voies de recours pour les victimes de violations des droits de l’homme.
- Promouvoir des processus de développement inclusifs – respecté les droits de tous les groupes socioculturels, des minorités, des peuples autochtones, des religions etc. sur leur patrimoine culturel et ressources naturelles et le respect de leur droit de définir et de réaliser leurs aspirations développementales.
- Adopter une politique d’élimination des armes nucléaires et autres armes de destruction massive et le trafic d’armes.
- Rediriger les dépenses militaires vers les dépenses sociales.
Le processus continu de création d’un nouvel ensemble d’objectifs de développement durable et d’un cadre de développement post-2015 devraient servir comme impulse pour les gouvernements de relever ces défis. Ce processus doit reconnaître et prévoir des mécanismes complets et des opportunités non seulement pour les consultations, mais pour une pleine participation de la société civile aux délibérations et à la prise de décisions à tous les niveaux.
Au niveau national, des organismes multilatéraux doivent être formé comprenant des représentants du gouvernement (inclusivement du Parlement et des autorités locales), la société civile et d’autres parties prenantes pour décider de la stratégie nationale de développement et des objectifs prioritaires en fonction de consultations locales comprenant des opinions expert. Au niveau international, des processus multilatérales menées par des équipes spéciales dans le cadre du Groupe de Travail sur les Objectifs de Développement Durable peuvent être mises en place là où les gouvernements membres et les représentants de la société civile et d’autres intervenants peuvent se rencontrer officiellement et travailler côte-à-côte pour élaborer des propositions pour la l’Assemblée Générale.
Nous exhortons tous les mouvements populaires, les organisations des peuples autochtones, les groupes de la société civile et tous les citoyens concernés à participer à la campagne.
Liste des initiateurs de la campaigne
Source: People's Goals