S’il est un secteur qui se montre, tant dans son organisation que dans ses résultats, excellent élève de la mondialisation capitaliste, c’est bien celui du transport maritime. Roseline Vachetta, membre de la commission de la Politique régionale, des Transports et du Tourisme du Parlement européen, revient ici sur cette question.
Certains bateaux poubelles concentrent tous les ingrédients et toute l’opacité de la mondialisation capitaliste. Ainsi, autour du Prestige, on retrouve : richissime armateur grec, société écran libérienne, pavillon de complaisance des Bahamas, équipage asiatique, bureaux de contrôle et de vérification des procédures nautiques nord-américains et français, fioul lourd russe, gestion de la catastrophe par les États espagnol et français. Première forme généralisée de délocalisation à grande échelle vers le tiers-monde, le transport maritime a connu une expansion de 430 % en 30 ans et surtout une baisse de coûts de 30 % ces dix dernières années. Une chaîne de complaisance qui développe le profit maximum pour certains et la misère sans fin pour de nombreux autres.
Il faut rompre radicalement toute la chaîne de complaisance. L’océan doit cesser d’être une zone de non droit ! Les liens entre le propriétaire du navire et l’État doivent être clairs, les contrats avec l’affréteur définis, et les statuts de l’équipage conformes aux règles de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Les sociétés écrans qui échappent à toutes les législations doivent être déclarées illégales. Les sanctions pénales doivent être à la mesure des dégâts causés.
Il est nécessaire de mettre en place un véritable service public de la mer. C’est un projet certes ambitieux, mais nécessaire. Cela passe par des chantiers navals publics, la formation du personnel de bord, dont le statut doit être clairement établi, des choix de construction aux services des besoins, notamment celui de navires répondant à des normes de sécurité élevées.