Par Gustave Massiah
Les Nations Unies sont à la croisée des chemins. Elles n'ont pas vraiment démérité, elles n'ont pas du tout convaincu. Sa reforme est une question centrale qui néanmoins cache plusieurs réponses. Pour certains, les Nations Unies devraient devenir le système politique de la mondialisation libérale. Pour l'auteur de l'article la question est, par contre, de savoir comment définir et mettre en oeuvre une réforme radicale de cette institution. On part de l'hypothèse du mouvement altermondialiste en tant qu'agent moteur d'alliances plus larges avec d'autres forces sociales et politiques, visant la transformation de cette institution dans la perspective de construction d'une démocratie mondiale.
Ces positions jouent leur rôle dans la prise de conscience et l'analyse critique. Du point de vue des propositions, la réflexion se centre sur les positions qui structurent l'espace du débat et les affrontements sur les réformes. Pour certains, les Nations Unies devraient devenir le système politique de la mondialisation libérale, un mélange d'institutions du type Banque mondiale, FMI et OMC d'une part et une alliance militaire du type OTAN de l'autre. Les tenants du réformisme modéré estiment que l'existence d'une régulation, même partielle et peu efficace, est déjà un objectif en soi. Il s'agit de faire attention à ne pas casser la machine en donnant tout le pouvoir à l'unilatéralisme américain, il faut se contenter de quelques aménagements lorsque possibles. Les tenants d'une réforme radicale estiment qu'il faut accepter les risques d'une remise en cause qui marque une rupture nécessaire compte tenu de la nature des enjeux. C'est dans cette perspective que se situe l'auteur. Le fait de savoir si les Nations Unies sont réformables ou non ne paraît pas déterminant en soi. La question est de savoir comment définir une réforme radicale et comment lui permettre de s'imposer ? La définition d'une orientation et l'état des lieux permettent assez facilement de définir les réformes nécessaires. Mais ces réformes ne s'imposeront pas d'elles-mêmes. Les Nations Unies ont montré leur capacité à évoluer. Créées dans le contexte de la guerre froide, elles ont été capables de se saisir de la question de la décolonisation et d'y contribuer. Il y a une question stratégique. Faisons l'hypothèse que le mouvement altermondialiste peut être le porteur de cette transformation. La question des alliances se pose alors pour l'imposer. Une question de méthode aussi, celle qui permet de relier une perspective d'ensemble avec les luttes et les mobilisations pour des réformes particulières. La démarche proposée est la suivante : partir des enjeux de la période et des défis qui se posent aux institutions internationales, la mondialisation, les guerres, le droit international ; explorer à partir de l'état des lieux les perspectives nouvelles ; définir les orientations et la ligne directrice d'une refondation, la démocratie mondiale et le contrat social mondial ainsi que la place stratégique du droit international ; formaliser un axe stratégique, celui des mouvements et des luttes pour la démocratisation du système international, avec une double nécessité, inscrire chacune de ces propositions de démocratisation dans la perspective de la démocratie mondiale et inscrire chacun des fronts pour la démocratisation dans une alliance plus large pour la refonte du système international ; expliciter les propositions de réformes radicales et s'interroger sur les forces sociales et politiques qui peuvent les porter ainsi que sur les alliances possibles. Source: CADTM _ www.cadtm.org