Par Claude Drouot
Le second Forum alternatif mondial de l’eau (Fame) s’est tenu à Genève du 17 au 20 mars 2005, avec des objectifs nouveaux par rapport aux objectifs considérés prioritaires dans le premier Forum de mars 2003.
La politique mondiale de l’eau mise en place par le Conseil mondial de l’eau, émanation de la Banque mondiale, s’appuie sur trois grands principes. En premier lieur, l’eau doit être considérée comme un bien économique, une marchandise comme le pétrole ou le blé. En second lieu, l’accès à l’eau est un besoin vital, pas un droit humain ; la satisfaction du besoin est donc du ressort de chaque individu qui va consommer un bien accessible à travers les mécanismes de marché. Enfin, l’eau doit être considérée comme une ressource précieuse (l’or bleu) ; destinée à devenir de plus en plus rare, c’est une ressource stratégique importante ; la sécurité hydrique « nationale » devient donc un problème politique central.
À l’opposé, le Fame de Florence s’est tenu sur des bases très différentes, et ses principes fondateurs, définis dans la déclaration de Porto Alegre de février 2002, sont désormais bien connus. Premièrement, l’eau ne doit pas être une marchandise et ne doit pas être source de profit. Deuxièmement, elle fait partie du patrimoine de l’humanité et doit donc être placée sous la protection publique. Troisièmement, elle doit être accessible à tous, en quantité suffisante pour ne pas menacer la santé des usagers. Quatrièmement, le secteur public est mandaté et désigné par la loi comme le représentant de l’intérêt public. Cinquièmement, les citoyens doivent être au cœur des processus de décision des politiques publiques de l’eau aux niveaux local, national et international.