« Nous sommes un mouvement de libération.
Nous sommes en mouvement, en marche, vers notre libération. Celle de chacun et de chacune d’entre nous, et celle d’une humanité entière.
Nous voulons nous libérer de la folie des puissants qui nous rendent fous ! Fous de misère et fous d’inégalités, fous d’épuisement et de maladie, fous de nos terres et de notre planète, confisquées et bientôt inhabitables, fous de concurrence et de compétition, fous de ressentiment, de haine et de désespoirs.
Nous nous libérons et partons à la découverte de notre propre humanité et de notre propre sérénité, pour inventer notre buen vivir et notre buen gobierno, dans un monde enfin décent, à notre mesure, dans lequel chacun, chacune, peut prendre ses responsabilités, simplement, avec bienveillance. (Extrait du Communiqué N°1 du Front Mandela de Libération Mondiale - FMLM).
1. La puissance ne se partage pas. Le pouvoir si !
Nous voulons laisser éclore nos potentiels. Nous ne voulons pas le pouvoir. Nous voulons du pouvoir.
La puissance est force. Elle n’est pas seulement ce que nous tenons entre nos mains. C’est nous-même qui sommes en puissance. Notre puissance est dépassée en permanence par notre potentiel ! Mais attention de ne pas nous prendre pour des dieux, et de jouer avec les feux de la toute-puissance.
La puissance humaine ne se déploie que dans les limites du monde cosmique physico-chimique, du monde vivant de la pachamama, du monde anthropo-social de l’ubuntu et du buen vivir que nous co-construisons tous ensemble, en permanence ! Nous autres humains sommes particules, nous sommes animaux, nous sommes faber et sapiens/demens.
Notre puissance cumule la force de notre corps, la force de notre esprit et la force de notre âme. La puissance des « sans rien » est sans limite : chair, sang et coeur au service du mouvement de la vie ; intelligence de la compréhension du monde et de l’explication des choses ; chant intuitif du monde intérieur de chacun et de l’univers partagé de tous.
Le pouvoir est rapport de force : c’est pourquoi le pouvoir n’est pas seulement ce que nous tenons, mais ce que notre adversaire pense que nous tenons. A nous de lui montrer que nous possédons davantage que lui ; davantage de corps, d’esprit et d’âme. A nous de lui monter que le pouvoir peut être autre chose qu’un « jeu à somme nulle », et qu’en le partageant on le multiplie. Nous ne voulons pas le pouvoir. Nous voulons du pouvoir. Le pouvoir d’être et de faire ensemble. Nous sommes déjà des makers sociaux, et nous voulons l’être davantage.
Notre adversaire nous désigne comme son ennemi. Mais il reste notre adversaire. Nous n’avons pas d’ennemi. Il est notre adversaire, à chaque fois qu’il résiste à ce que nous partagions le pouvoir pour démultiplier.
2. Ne nous éloignons jamais de nous-même.
Ne nous éloignons jamais de l’expertise personnelle de notre propre expérience commune.
Nous risquerions d’être tétanisés par la confusion d’être-là où nous en sommes, d’être pétrifiés par l’angoisse d’avancer et d’être aveuglés par le désir de fuir. Notre sentiment commun de sécurité constitue à la fois la colonne vertébrale et la moelle épinière de chacun et de chacune d’entre nous. Elle nous fait nous tenir debout, et nous lever ensemble pour nos droits et notre émancipation.
3. Echappons à la logique de ce qui est.
Chaque fois que possible, échappons-nous de l’expertise assenée et de la logique dessinée spontanément par le système que nous co-produisons avec notre adversaire. Notre adversaire est celui qui veut pour lui tout le pouvoir qu’il exerce par la domination, par l’exploitation et par une pensée unique, hégémonique. Cherchons à renforcer les vulnérabilités de notre adversaire et nos résiliences, son anxiété et notre sérénité, ses incertitudes et notre harmonie. « Not in my name », est l’un de nos slogans favoris.
4. Prenons l’adversaire à ses propres mots !
Prenons l’adversaire à ses propres principes, à ses propres lois et règlements, au propre système qu’il croit créer à son unique bénéfice. Notre adversaire n’y survivra pas : personne ne peut survivre à tant de réglementations tatillonnes, à tant de bêtise.
Il deviendra fou : ces propres actes ne peuvent pas correspondre aux principes pour lesquels il prétend agir. Il ne peut tenir parole, sans cesser ipso facto d’être notre adversaire et de fraterniser avec nous. Ou, alors, il se montrera comme la bête qu’il est encore ; et les choses seront claires, une fois pour toutes.
5. Notre arme est la dérision.
La dérision est la plus puissante des armes que nous avons. La dérision la plus puissante de toutes les armes. Le ridicule tue notre ennemi. Le tourner en ridicule, lui fait perdre le sens du raisonnable, du rationnel ; elle le rend fou-furieux contre nous, parce qu’il est fou-furieux contre lui-même. C’est notre point de levier pour l’obliger à la négociation, et le forcer aux concessions.
L’autodérision est la seule arme que nous avons pour nous défendre de nous-mêmes, de nos désirs d’êtres des dieux, des fantasmes de nos égos démesurés.
6. Notre stratégie est nourrie par la jouissance.
Une bonne tactique est faite d’actions qui nous réjouissent et nous donnent du plaisir ; nous ne nous ferons par prier pour les poursuivre et les approfondir ; nous en trouverons de nouvelles qui nous réjouirons encore davantage et qui nous procurerons encore davantage de plaisir. Nous serons contagieux ; une véritable épidémie de tactiques convergentes, un fou-rire, une transe émotionnelle : la liberté.
7. Nos actions sont ponctuelles et meurent pour renaître.
Une tactique qui s’éternise s’enlise. Allons de l’avant ! Ne laissons pas penser à nos ennemis ricanant : « Jusqu’où vont-ils s’arrêter ? ». Laissons mourir ce qui s’est épuisé. Et misons sur la fertilité de notre imagination tactique pour que la pratique renaisse de la pratique qu’elle a enfantée.
8. Maintenons la pression sans relâche sur l’adversaire.
Ne faisons jamais mine d’abandonner. Continuons à imaginer de nouvelles actions pour renverser le rapport de force. L’adversaire en confiance déploie sa force frontalement ; attaquons-le sur ses flancs par des chemins de traverse, par des actions nouvelles, poétiques, romanesques, qu’il n’aura pas l’imagination de concevoir.
9. Nous avons peu à perdre.
La menace est généralement plus terrifiante que la chose elle-même. Et l’adversaire a davantage à perdre que nous. Nos rêves et notre utopie déclenchent chez notre adversaire le sentiment d’être menacé. Ce n’est pas rien. Nous ne rêvons pourtant pas de sang, mais de douceur ; pas de vengeance, mais d’harmonie.
Quant à nous, la réalité brutale de ce que nous vivons n’est plus une menace.
10. Notre énergie est renouvelable.
Notre positivité est notre force ; leur négativité est notre force !
Nous sommes des transformateurs positifs d’énergie négative non renouvelable. Nous sommes le signe positif, l’opérateur « + ») : plus de corps et de coeur avançant en masse positive, plus d’esprit tactique et stratégique qui nous pousse vers l’avant, plus d’âme sensible pour détourner le sens-même de la négativité.
Transformons la négativité de l’ennemi en positivité pour nous.
Transformons notre propre négativité en positivité pour nous.
Transformons la positivité de l’ennemi en notre propre positivité.
Transformons notre propre positivité linéaire en positivité exponentielle !
Nous ne sommes ni croissants, ni décroissants : nous sommes la Pleine Lune qui a rendez-vous avec le Soleil.
11. Avoir construit une alternative durable et soutenable est la mesure de nos victoires tactiques.
Une alternative concrète, durable et soutenable, c’est un territoire libéré de l’emprise de l’adversaire. Tant que nous n’avons pas de solution alternative concrète, construisons des tranchées pour empêcher que l’adversaire n’avance encore sur nous.
12. L’adversaire n’est pas légitime; montrons-le !
Choisissons soigneusement nos cibles tactiques, pour que notre stratégie se développe avec succès. La cible est ridicule. Elle n’est pas légitime ; c’est pourquoi nous la ridiculisons. Plus elle se défend contre nos attaques, et plus elle est antipathique, et moins elle ne reçoit de soutien. Isolons la cible et faisons-la pourrir d’isolement et de solitude. Elle tombera d’elle-même ; et qui sait ce qu’elle entraînera dans sa chute. Nous, nous serons là pour réensemencer après elle.