Nous vivons dans un monde de menaces nouvelles et changeantes, que l'on ne pouvait entrevoir lorsque l'ONU a été créée en 1945. Nous pensons, par exemple, au terrorisme nucléaire et à l'effondrement de l'État sous les effets conjugués de la pauvreté, de la maladie et de la guerre civile, véritable cocktail explosif. La déliquescence de l'État, partout dans le monde, l'affaiblit face aux menaces transnationales telles que le terrorisme et le crime organisé. Chaque État a besoin de la coopération internationale pour garantir sa sécurité.
Ce rapport est le résultat du travail du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement qui a été chargé, par le Secrétariat Général de l'ONU, de susciter de nouvelles idées sur le type de politiques et d'institutions dont une ONU efficace aurait besoin au XXIe siècle. Le Groupe propose dans son rapport une approche nouvelle et ambitieuse de la sécurité collective en ce XXIe siècle.
Aujourd'hui et pendant les décennies à venir, le monde doit se préoccuper de six types de menaces, à savoir : la guerre entre États ; la violence à l'intérieur des États (guerres civiles, violations massives des droits de l'Homme, génocide, etc.) ; la pauvreté, les maladies infectieuses et la dégradation de l'environnement ; les armes nucléaires, radiologiques, chimiques et biologiques ; le terrorisme ; la criminalité transnationale organisée.
Dans un tel scénario, l'ONU doit se doter des moyens d'intervenir efficacement face à l'ensemble des menaces qui nous guettent. L'ONU et ses institutions de sécurité collective ont montré historiquement qu'elles étaient opérantes. La négociation a permis de mettre fin à de nombreuses guerres civiles. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a évité l'explosion du nombre de pays dotés de ces armes. L'Organisation mondiale de la santé a aidé à enrayer le syndrome respiratoire aigu sévère et à sauver ainsi des dizaines de milliers de personnes, voire plus.
Pour faire face aux menaces, il faut agir au niveau de la prévention, de la réaction à ces menaces, et de la réorganisation du système institutionnel. La prévention concerne des sujets tels que la lutte contre la pauvreté ; la construction de la sécurité face aux maladies ; l'amélioration des moyens pour la diplomatie préventive et de médiation face au risque de guerre à l'intérieur des États et entre les États ; le respect des accords en matière de non prolifération d'armes nucléaires, biologiques et chimiques ; la négociation du désarmement et la non construction de nouveaux centres d'enrichissement et traitement d'uranium ; et l'organisation et la coopération face au terrorisme et à la criminalité internationaux.
Au-delà de la prévention, la réaction aux menaces concerne, entre autres, l'usage de la force de façon proportionnée ; l'obligation de protéger les populations civiles contre la violence ; le maintien et le rétablissement de la paix ; ainsi que la consolidation de la paix.
Enfin, les institutions actuelles de l'ONU doivent mieux fonctionner. Il faut donc revitaliser l'Assemblée Générale et le Conseil économique et social ; redonner sa crédibilité à la Commission des droits de l'Homme ; améliorer la crédibilité et l'efficacité du Conseil de Sécurité en le rendant plus représentatif par l'inclusion de nouveaux membres sans droit de veto ou de nouveaux sièges renouvelables tous les quatre ans ; créer une Commission de consolidation de la paix ; renforcer la collaboration avec les organisations régionales.