Par Ton Bührs
Le concept d’espace environnemental (EE) a été mis en avant comme moyen de concrétiser la viabilité environnementale. En se fondant sur trois piliers, à savoir la reconnaissance des limites naturelles, un principe d’équité fort et un intérêt avéré pour les ressources disponibles, ce concept offre un cadre cognitif pour une approche exhaustive et intégrée de la politique, ainsi que de la gestion de l’environnement et des ressources. Sur fond de préoccupations environnementales et d’épuisement des ressources, cette démarche offre une base normative plus convaincante que le discours de « sécurité environnementale » repris par un nombre croissant de gouvernements.
Le concept d’espace environnemental offre un cadre cognitif aidant à légitimer la gouvernance environnementale globale (y compris les ressources) sans porter atteinte aux droits des personnes à prendre leurs propres décisions sur l’utilisation des ressources et le type de société dans laquelle elles souhaitent vivre. Toutefois, l’adoption du concept comme base d’une gouvernance globale doit affronter d’immenses obstacles. Ce document s’intéresse avant tout aux barrières d’ordre politico-économique et explore la manière de les surmonter.
Dans les années 90, l’adoption de l’approche d’espace environnemental a principalement été soutenue au niveau national par une organisation non gouvernementale et une poignée d’universitaires. Même si certains gouvernements se sont intéressés à cette idée, sa portée n’aura été que limitée. Des problèmes de méthodologie, un soutien politique trop faible et le piège de l’action collective en sont les principales causes. Aucun gouvernement n’a appliqué l’approche EE aux efforts de développement durable, en partie parce qu’accepter les limites de la consommation des ressources au niveau national semble n’avoir qu’un très faible écho tant que d’autres pays ne sont pas prêts à le faire eux-mêmes (d’où l’idée de piège de l’action collective).
Dans ce document, l’auteur explique tout d’abord la notion d’espace environnemental, puis approfondit les principes de base. Il poursuit par une discussion sur certaines des limites d’analyse pouvant expliquer pourquoi ce concept n’a pas su s’imposer dans le domaine politique. L’auteur présente ensuite un outil d’analyse des aspects politico-économiques et propose des éléments intéressants pour abaisser les barrières à l’adoption de l’approche d’espace environnemental. Pour conclure, il se demande si de tels obstacles peuvent être surmontés, et de quelle manière.
Source : CSGR Working Paper Series 236/07